Après avoir présenté la place occupée par les incunables dans les bibliothèques princières royales de la fin du Moyen Âge, l’auteur étudie les premières acquisitions d’imprimés réalisées par Matthias Corvin, à partir de 1471, à la faveur de ses rapports avec les humanistes, principalement dans les domaines de l’histoire et de la rhétorique. Il retrace ensuite l’activité des principaux érudits qui, après la mort du souverain et jusqu’à la prise de Bude par les Turcs en 1526, ont consulté la Corviniana, utilisant ses exemplaires pour établir des éditions. Les préfaces de ces éditions offrent notamment de nombreuses pistes de recherche, tant sur les textes conservés dans la bibliothèque que sur l’activité des réseaux savants.
Le prince de la fin du Moyen Âge dispose de différents registres de signes emblématiques pour se représenter et mettre en scène son pouvoir. Portrait, armoiries et devises proposent ainsi un discours très complet sur la personne du prince, son lignage et sa conception de sa fonction. Comme ses contemporains, Matthias Corvin développe cette image emblématique sur les principales œuvres de son règne mais, parmi celles-ci, les manuscrits de sa célèbre bibliothèque offrent sans conteste le support le plus emblématisé. Ces ouvrages, destinés à circuler et à faire connaître le prince, sont un outil politique au sein duquel l’emblématique propose son propre message. Un propos savamment composé et qu’une lecture comparée avec les pratiques emblématiques et bibliophiliques de princes contemporains permet d’analyser et d’interpréter.